Les fromages mayennais
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La saga des fromages mayennais

« C’est comme le Port-Salut c’est écrit dessus », « Chaussée aux moines, pardon mais c’est trop bon ». Ces slogans devenus des expressions populaires doivent beaucoup aux fromages de la Mayenne.

Ce département, côté rivière, c’est la vallée de la Mayenne, promenade de 85 km à pied, à vélo, à cheval ou en bateau. Côté fleuve, c’est le lait. La Mayenne est dans le top 5 des départements producteurs. Ce gisement d’or blanc est transformé sur place par de géants de l’agroalimentaire, des fromageries artisanales et de nombreux producteurs fermiers.

Petit tour, forcément non exhaustif, de cette formidable exception mayennaise.

Publié le 21 mars 2025

Les pionniers

En Mayenne, l’histoire fromagère est liée aux monastères précurseurs. Deux produits historiques naissent ainsi au 19e siècle, assez similaires. Celui du prieuré Saint-Clément de Craon dont l’abbaye était traversée d’une chaussée bordant un étang ; mais il ne s’appellera Chaussée aux Moines que sous son ère industrielle. Celui de l’abbaye du Port du Salut à Entrammes. Fabriqué dès les années 1820, il deviendra Port du Salut, puis Port-Salut. Leur succéderont, au début du siècle dernier, des entreprises familiales qui vont connaître des destins différents et, souvent, de formidables développements. Leurs marques vous sont familières.

Bons Mayennais

Si la marque n’est officiellement apparue (succédant aux Becs Fins) qu’en 1971, l’image du couple de paysans ornant chaque étiquette est utilisée depuis 1945. L’entreprise Vaubernier est née à Martigné-sur-Mayenne dans les années 1910. Depuis, c’est selon la même recette traditionnelle que l’on fabrique des fromages à pâtes molles affinés naturellement. Le camembert est emblématique forcément, mais Vaubernier produit également des bries et coulommiers crémeux.

L’entreprise mérite bien sa marque puisqu’elle collecte le lait de 170 producteurs, exclusivement en Mayenne.

 

Fromage Bons Mayennais

Le Montsûrais

Doublement pionnière la petite (15 salariés) fromagerie Martin (Montsûrs), née en 1925. Car, restée traditionnelle dans ses process, elle amorce son virage vers ce que l’on n’appelait pas encore le bio dès la fin des années 1960. Un choix de conviction, pour se démarquer d’une concurrence qui l’aurait écrasée. Près de 20 producteurs, dont les vaches sont à l’herbe, alimentent la fromagerie de Montsûrs qui produit un camembert goûteux (un rond, un carré).

La Fromagerie de Montsûrs est discrète. Vous trouverez ses produits dans les commerces bio et les grandes surfaces locales.

 

 

Camembert le Montsûrais

Fol Epi

C’est à partir de la collecte de lait en camion-citerne, idée novatrice en 1919, que le fromager René Perreault crée sa laiterie à Bazouges. À l’époque, on redoute que les cahots de la route ne transforment le lait en beurre… Mais la petite entreprise est devenue grande, se développant plus tard à Azé, toujours dans l’agglomération de Château-Gontier-sur-Mayenne, et sur un second site du sud Mayenne, à Meslay-du-Maine. Les deux établissements ont été intégrés au groupe Bongrain, aujourd’hui Savencia, 5e groupe fromager mondial.

Les produits fabriqués en Mayenne, pâte pressée et pâte molle, vous sont familiers : Fol Épi, le Vieux-Pané dans ses multiples déclinaisons, Chamois d’Or, etc.

logo fol epi

Babybel

Cinq millions de Mini Babybel sortent chaque jour des chaînes de fabrication de l’usine Bel d’Évron qui emploi plus de 700 personnes. Cela représente plus de la moitié de la consommation mondiale de ce petit fromage entouré de cire rouge, même si le tiers de la production est destiné au marché français. C’est l’unique site à produire exclusivement du Mini Babybel.

Le groupe Bel (entreprise familiale jurassienne à l’origine) a ouvert son unité d’Évron, en 1960, à l’époque où cette ville connaissait un formidable élan industriel.

 

 

Mini Babybel

La nouvelle génération

Entre les productions industrielles laitières implantées en Mayenne et les unités fermières qui se multiplient, quelques fromageries renouent avec l’esprit coopératif. Avec des valeurs ajoutées : signes de qualité, lait bio, enracinement, impact environnemental réduit, accueil du public.

La Fromagerie d'Entrammes

La Fromagerie d’Entrammes valorise le lait bio produit par une coopérative d’une trentaine de producteurs locaux. Sa certification en agriculture bio et la reconnaissance de sa spécialité traditionnelle garantie « lait de foin » soulignent la volonté de compter parmi les acteurs majeurs des produits laitiers bio.
La Fromagerie d’Entrammes s’inscrit aussi dans une tradition. Elle a repris une partie des locaux où les moines produisaient le Port-Salut. Ses premières productions y faisaient référence. Dans la gamme, signalons à côté de produits aux dimensions plus classiques, deux « gros » fromages : l’Entrammes Tradition, une tomme d’1,6 kg au lait cru, élaboré en méthodes artisanale, texture fondante et arômes subtils ; la Tomme de Mayenne au lait cru, affinée 6 mois pour que sa meule de 4 kg développe saveurs et typicité.

La Fromagerie du Haut-Anjou

Deux passionnés, deux fromagers et un ingénieur, c’est le quintet qui a relancé en 2020 cette fromagerie ouverte en 2011 par une petite coopérative d’éleveurs, à Bierné. Disposant d’un outil de travail qu’ils ont voulu écologiquement vertueux (chaudière à bois déchiqueté, station d’épuration biologique), ils ont conçu une gamme de fromages au lait de vache fourni par des éleveurs bio. L’identité Haut-Anjou du sud Mayenne est totalement assumée, si ce n’est revendiquée, puisque tous les fromages portent le nom de l’ancienne province : le Douceur, tomme face abbaye au lait cru aux différentes saveurs, le Fort, pâte pressée cuite affinée de 4 à 10 mois, le Crémeux, pâte molle à croûte fleurie, l’Ardoise enfin, autre pâte molle à couleur d’ardoise.

Dominique et Gilles de Valicourt, ainsi que Nicolas Morillon sont engagés au sein du collectif Slowlydays®. Slowlydays

Les Fromages Fermiers

Ils ont choisi les vaches, les chèvres, les brebis, qu’ils élèvent sur des fermes, souvent bio, produisant l’essentiel de l’alimentation du troupeau. Certains ont pris la suite de leurs parents, conservant ou modifiant la conduite de l’exploitation. D’autres viennent d’horizons professionnels ou géographiques différents. Mais ils partagent la volonté de maîtriser des savoir-faire (élever, produire, commercialiser) dont l’addition est un projet de vie. La durabilité et le respect d’un milieu rural encore très vivant et plutôt bien préservé y tient une grande place

Souvent, ils vendent à la ferme ou ont leurs habitudes sur les marchés voisins.

Zoom sur La Cité du Lait

Musée, visites, ateliers et boutique, c’est le carré d’as de la Cité du Lait à Laval,  espace culturel et gastronome dédié à l’univers du lait : centre d’interprétation, espace de collections et lieu d’animations. C’est l’ancienne Société Laitière de Laval A. Besnier & Cie dont on a conservé la façade, devenue le groupe Lactalis.

Ici, dans les années 1950 arrivaient les camions chargés de bidons de lait. Cette formidable aventure industrielle débutée en Mayenne, et poursuivie aujourd’hui dans le monde entier, est racontée en objets et en images.

Les collections du musée présentent 4 000 ustensiles et machines, de toutes origines et de toutes époques, utilisés pour le transport du lait et la fabrication des produits laitiers. La crémerie fromagerie épicerie est l’évidente conclusion de votre visite. Mais l’on peut s’y rendre juste pour raison gourmande.

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